Les paradoxes du patrimoine

Anthropologie et sociétés, vol. .37 (1) pp.177-193, 2013


Voir en ligne

Résumé

L’auteure interroge les relations conflictuelles et la dialectique entre des définitions institutionnelles et des usages locaux du patrimoine à partir de l’étude ethnographique de l’« espace culturel du yaaral et du degal », festivités de transhumance peules du delta intérieur du Niger au Mali déclarées « chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’Humanité par l’UNESCO » en novembre 2005, et inscrites sur à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008. C’est par une variation des jeux d’échelles, une étude des paradoxes, et des enjeux de pouvoir que ces fêtes sont étudiées. L’article présente d’abord la construction patrimoniale de l’« espace culturel du yaaral et du degal » par la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) au regard des définitions internationales du patrimoine culturel immatériel promues par l’UNESCO et de la politique culturelle malienne. Il propose ensuite une définition endogène de la patrimonialisation et de ses présentations publiques à la lumière d’un exemple sur les compétitions pastorales. Ces dernières illustrent la manière dont des éléments culturels peuvent se trouver pris dans un double processus de création patrimoniale et de transmission d’un idéal pastoral recréé. Pour finir, l’étude d’un conflit pour le poste de chef des éleveurs pose la question de la gestion patrimoniale des enjeux pastoraux locaux. La lecture patrimoniale de ces fêtes renvoie alors à une analyse du champ politique.