Philippe Bonnin

Architecte - Anthropologue
Directeur de recherche CNRS
Directeur du laboratoire AUS (UMR 7218 LAVUE)

Mon orientation de recherche personnelle vise à construire une topologie sociale. Elle se constitue comme une anthropologie de l’espace et de l’architecture : théorie des interactions entre dispositifs construits, pratiques et représentations sociales. Je me suis focalisé ces dernières années sur l’étude des dispositifs et rituels de seuils, l’architecture et les pratiques des limites spatiales et des espaces d’articulations (France-Japon), et plus récemment sur les fondements des spatialités nippone et française.

Dispositifs et notions de la spatialité japonaise

La cinquième réimpression (et réédition revue et corrigée) en un an de l’ouvrage Vocabulaire de la spatialité japonaise, (ed. du CNRS, 605p, 200 articles, 64 auteurs) qui a été distingué par le grand prix de l’Académie d’Architecture, témoigne de l’importance des résultats obtenus par le programme de recherche sur les dispositifs et notions de la spatialité japonaise, qui m’a conduit pendant un an à Kyoto à l’invitation de l’institut universitaire japonais (Nichibunken), et que j’y ai conclu par un colloque international (actes publiés), et la publication d’un autre ouvrage édité aux PPUR de Lausanne. Un nouveau projet est en cours de formulation pour ce réseau qui regroupe les spécialistes de l’espace japonais. Le développement de ce concept original de « Spatialité » a permis de réunir nombre des disciplines qui concourent à ce même objet, majeur pour la compréhension d’une culture.

Modélisation de la morphogenèse du réseau viaire

Co-Direction du projet « Modélisation numérique de la morphogenèse de la ville » (ANR contrat MONUMOVI, 2012-2016), avec un physicien, Stéphane Douady (médaille d’argent du CNRS). Mobilité thématique qui a été préparée par le programme sur la modélisation accompli pour le PIRVE-CNRS (2010-2012).

Occasion pour moi de créer et d’animer une nouvelle équipe (Morphocity), très pluridisciplinaire, recrutant et faisant collaborer des cultures scientifiques très différentes sur un même objectif (Physiciens, mathématicien, géomaticiens, archéo-géographes, informaticien, urbanistes, historien de l’urbanisme, anthropologue). L’approche se distingue par l’analyse dynamique, l’intégration des données spatiales et historiques, la reconstruction argumentée des « voies » (et non du simple graphe), qui constituent les autres originalités spécifiques du projet de cette équipe. L’équipe s’appuie de plus sur l’analyse de villes réelles en France, Japon, Chine, avec des chercheurs et doctorants de ces pays, un post-doc Européen ( bourse « Marie-Curie »), et sur la collaboration avec leurs services d’urbanisme.

L’équipe a mis au point et créé cette année un logiciel (plug-in de Q-GIS) d’analyse et de simulation, en cours de diffusion.

Outre les articles soumis et/ou acceptés, et les communications, un premier ouvrage collectif de cette recherche, De la trace à la trame, est paru à l’automne 2014. Un ouvrage de synthèse de la recherche, plus important, est programmé pour la fin 2016.

Deux thèses sont en cours, la première soutenue à l’automne 2015 (Claire Lagesse). Grâce au logiciel d’analyse et les indicateurs spécifiques créés par l’équipe, ces deux dernières années vont pouvoir être appliqués aux données spatiales historiques que nous avons collectées, numérisées, vectorisées (et corrigées…) sur une plage de trois siècles de croissance des villes choisies comme terrain de confrontation du modèle à la réalité : Avignon, Bordeaux, Paris, Kyoto, Wuhan, Amsterdam et Rotterdam (principalement). L’analyse dynamique de la création du réseau devient envisageable. La production d’un modèle génératif se profile également.

Une application à l’analyse des plans d’évacuation des piétons dans les villes côtières du Tohoku, sinistrées par le Tsunami, a été débutée en 2015 (Thèse de Estelle Degouys).

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