Manon Faucher

Doctorante en Anthropologie
Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis, Ecole Doctorale : n°401 Sciences sociales
Directrice de thèse : Emmanuelle Lallement
Co-direction : Florence Bouillon

Thèse (titre provisoire) :

La fabrique du graffiti : dynamiques de patrimonialisation ou résistances des marges ? Une recherche-création en contexte francilien

Résumé de la recherche :

Objets de multiples controverses et de politiques culturelles ambivalentes, qui oscillent entre désirs de promotion et politiques d’effacement (Schacter 2014 ; Vaslin 2021), les graffitis ont été appréhendés par les sciences humaines et sociales à la fois comme des écritures éphémères (Ross (ed.) 2015) et comme des traces du passé (Guichard 2014 ; Monjaret 2016). Les graffitis apparaissent donc désormais comme des objets privilégiés pour saisir l’articulation entre création artistique et processus de patrimonialisation en milieu urbain. Après plus de quarante années d’études sur le graffiti (parmi les premiers écrits universitaires francophones sur le graffiti on recense Kokoreff 1988 ; Baudrillard 1976), il est aujourd’hui possible de faire le pari d’une histoire de cette pratique et ainsi se tourner vers une compréhension diachronique du graffiti dans la cité. L’approche choisie ici privilégie une double entrée empirique et analytique, d’une part en menant une enquête ethnographique auprès des artistes graffeur∙euses et, de l’autre, en abordant l’objet dans une perspective sociohistorique (à partir de données archivistiques et de la récolte de la mémoire des graffeur∙euses). La double entrée disciplinaire de cette thèse, à l’interface de l’anthropologie de la ville et de la sociologie de la culture, permettra d’aborder le graffiti à la fois comme objet de transformation rapide de l’urbain, mais également comme héritage matériel et patrimonial des villes (Saint Pierre (ed.) 2014). Cette thèse interrogera ainsi à la fois les enjeux urbains actuels que posent le graffiti, mais aussi ceux qu’ils soulèvent sur le temps long. Comment le graffiti, en investissant des « espaces vacants », participe-t-il à l’écriture d’une nouvelle représentation sociale de l’espace (Vivant 2009) ainsi qu’au renouvellement des géographies urbaines ? De quelle manière les artistes qui s’installent dans des lieux culturels « off » (Ibid.) mettent-ils au travail la question de la présence des artistes dans la cité ? À une autre échelle d’analyse, l’art dans la ville participe-t ’il aux dynamiques du capitalisme urbain ou bien agit-il comme une forme de résistance à celui-ci (Adam et Comby 2020) ?

Responsabilités scientifiques :

2023 - 2024 Participation au projet ARCANES de la fédération de l’art urbain pour l’archivage du graffiti

2023-2024 Suivi de mémoire de Master IEE