Processus d’identification territorialisés. Des compétences situationnelles face aux épreuves

Revue L’homme et la société, n°165-166, 2007, pp.85-102


Censé être un aboutissement, un territoire est pourtant constamment actualisé, révélant les recompositions culturelles, politiques, économiques et sociales qui le traversent. Nous sommes en effet de plus en plus ‘multicartes’, en nous identifiant à la fois au foyer, à l’entreprise, à une filiation, une région ou un quartier. Bref, le territoire relève nous semble-t-il, d’un lien plutôt que d’un lieu, et l’identité d’une relation plus que d’un statut. C’est du moins ce que nous allons essayer de montrer à partir d’un terrain qui représente pourtant de manière courante la “version forte du territoire” (Alphandéry, Bergues, 2004) : l’occupation des espaces communs par les regroupements de jeunes.
S’appuyant sur des expériences concrètes, les représentations territoriales et identitaires alimentent les récits et les pratiques des gestionnaires, ainsi que ceux de certains habitants, jeunes ou travailleurs sociaux. Ces propos sont ensuite recueillis sur le terrain par les chercheurs, et restitués notamment à travers les figures du “communautarisme” et du “ghetto”. Ces figures constituent au final le lieu de définition du “problème des banlieues”, revenu en force à l’occasion des émeutes de novembre 2005, et énoncé en termes de « territoires des bandes », « squat des halls d’immeubles », « cités », « quartiers » ou « zones de non droit ». Les problèmes sociaux recadrés par les discours savants, institutionnels et médiatiques autour du territoire et de l’ethnie, peuvent alors cautionner et réalimenter les pratiques des acteurs en charge de la Politique de la ville en termes de mixité sociale et de rénovation urbaine.
La boucle est bouclée, mais pour sortir de cette dynamique circulaire, ne convient-il pas de remettre ces processus de territorialisation à leur place ?

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