Les pratiques collaboratives faces aux injustices socio-spatiales [Re]panser les quartiers précaires dans l’Aire Métropolitaine de Lisbonne

Soutenance de thèse de Marie Segonne le 11 décembre 2024 à 14h

LAVUE UMR 7218 CNRS, équipe ALTER – Université Paris 8

Thèse sous la direction d’Agnès Deboulet, professeure à l’Université Paris 8

Membres du jury :
Marion CARREL, professeure à l’Université de Lille (rapportrice)
Emmanuel MATTEUDI, professeur à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional d’Aix-Marseille (rapporteur)
Alessia de BIASE, professeure à l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Paris la Villette
José Virgílio BORGES PEREIRA, professeur à l’Université de Porto
Alice MAZEAUD, maîtresse de conférence à l’Université de La Rochelle

Soutenance le 11 décembre 2024 à 14h
Lieu : Salle des commissions, Université Paris 8, 2 Rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis
En ligne : https://cnrs.zoom.us/j/98857442925?pwd=scz96fToB6KBaIlPm4eEqA8WFbfK4N.1
(ID de réunion : 988 5744 2925 - Code secret : SrHzc6)

Résumé :
Ces dernières décennies, des initiatives « collaboratives », reposant sur le travail conjoint d’habitants et d’universitaires ou professionnels, émergent dans les quartiers précaires de nombreux pays (aménagement d’espaces publics, advocacy planning, recherches citoyennes…). Le Portugal, pays semi-périphérique du système mondial, présente une situation intermédiaire entre les pays du sud, où les quartiers précaires dominent la production urbaine, et d’autres pays européens, où ils demeurent un phénomène marginal. Au cours des dernières décennies, les quartiers précaires de l’Aire Métropolitaine de Lisbonne sont devenus un terrain d’expérimentations collaboratives diverses. Ces expériences reposent sur l’action collective de différents acteurs, jouant chacun un rôle actif dans la conception ou l’élaboration d’un projet commun. Elles peuvent être considérées comme une forme de participation intermédiaire entre la consultation – où l’avis des citoyens est recueilli sans que sa prise en compte ne soit garantie – et l’autogestion – où les citoyens contrôlent l’ensemble du processus.
Suivant une approche pragmatique, cette thèse analyse l’engagement d’acteurs issus de groupes sociaux à priori éloignés dans des formes d’actions collectives. Elle interroge également l’influence des structures relationnelles, locales et transnationales, sur le développement des pratiques collaboratives ainsi que la capacité de ces initiatives à répondre aux injustices sociospatiales dont témoignent les quartiers précaires.
L’émergence des pratiques collaboratives est d’abord analysée à partir d’une enquête de terrain localisée au sein de l’AML, portant sur l’histoire de ses quartiers précaires, le recensement des expériences contemporaines et leur insertion dans des réseaux locaux et transnationaux. Ce travail révèle que de telles initiatives voient le jour en présence d’acteurs déjà engagés dans un idéal participatif, collaboratif ou autogestionnaire, alimenté par une circulation internationale de ces idées. Face à une demande de logement croissante – a fortiori en période de crise politique, économique ou sanitaire – la collaboration apparait comme une réponse possible, souvent palliative, aux défaillances de l’État vis-à-vis des quartiers précaires.
Deux expériences d’aménagement d’espaces publics et une recherche citoyenne menées au sein d’un même quartier sont ensuite comparées suivant trois axes : l’engagement des acteurs, les modalités de collaboration ainsi que leur valorisation au sein des sphères politique, universitaire et professionnelle. Si ces initiatives proposent d’autres façons de produire la ville et les savoirs, nous verrons que les réseaux de coopérations sur lesquels elles s’appuient peuvent tout autant faciliter qu’entraver la concrétisation de leurs ambitions.